Fitzgerald Berthon, Ancien élève du cycle de formation, actuellement comédien professionnel
QUEL A ÉTÉ TON PARCOURS ? DEPUIS QUAND FAIS-TU DU THÉÂTRE ?
J’ai fait partie de la deuxième promo du Studio de Formation Théâtrale en 2007/2009.
Avant le Studio, j’étais en fac de Géographie, puis en Master de développement local, destiné à l’aide aux pays en développement.
Parallèlement à mes études j’ai toujours pratiqué le théâtre depuis le collège. J’étais dans une école Steiner, un établissement avec une pédagogie alternative, au sein duquel les activités artistiques ont une place prépondérante. A deux reprises au cours de la scolarité, il y a un mois pendant lequel on arrête tous les cours et on ne fait que du théâtre ! En 4ème, on a monté "Un chapeau de paille en Italie" et en 1ère, "Vol au dessus d’un Nid de Coucou". Ça a été pour moi des expériences marquantes, qui m’ont donné le goût du théâtre. Ensuite, j’ai continué le théâtre en prépa et à la fac de Nanterre, en parallèle de mes études.
A la fin de mon Master, je n’étais pas trop sûr de ce que je voulais et pouvais faire comme métier, mais je sentais que j’avais finalement envie d’exercer quelque chose en lien avec la création artistique. J’avais toujours adoré le théâtre et je pensais avoir des « facilités »… J’avais 24 ans et je me suis dit que c’était maintenant ou jamais pour suivre une formation professionnelle, après ce serait trop tard.
J’ai donc suivi la formation du Studio, qui était en deux ans à l’époque, puis j’ai intégré l’ESAD, l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique de la Ville de Paris, qui était alors dirigée par Jean-Claude Cottillard.
COMMENT AS-TU ENTENDU PARLER DU STUDIO DE FORMATION THÉÂTRALE ?
De bouche à oreille : j’avais un ami qui connaissait Florian Sitbon, le directeur pédagogique, et je me suis renseigné sur internet.
QUE PENSES-TU DE TES ANNÉES PASSÉES AU STUDIO DE FORMATION THÉÂTRALE ? QU’EST-CE QUE TU AS APPRÉCIÉ LÀ BAS ?
C’est une bonne formation. Moi qui pensais avoir des facilités, je suis tombé de haut ! J’ai d’abord appris qu’être comédien ça demande beaucoup de travail ! De la rigueur, de la patience, de l’humilité. J’ai réalisé que j’avais plein de choses à apprendre.
C’est là-bas que j’ai commencé à me confronter aux exigences professionnelles du métier, par le biais de nos professeurs mais aussi en allant voir beaucoup de spectacles. C’est notamment grâce aux sorties de l’école que j’ai découvert le travail de Thomas Ostermeier ou Ivo van Hove. Ça m’a permis d’énormément enrichir ma culture théâtrale.
J’ai adoré le côté pluridisciplinaire de la formation, pleins de cours différents, avec des professeurs passionnants : le chant, la danse, la diction, les comités de lecture pour découvrir des auteurs contemporains… Avant le Studio, je ne connaissais ni Lagarce, ni Novarina.
On apprend aussi à être soi, à se libérer, à être spontané. Quand je suis arrivé j’étais l’un des plus vieux, je sortais de mes études, qui d’une certaine manière m’avaient encombrées, placées dans quelque chose de cérébral. Il fallait que je me libère de tout ça. En face de moi il y avait des « jeunes », que je trouvais beaucoup plus libres, décomplexés que moi. J’ai dû faire un vrai travail pour retrouver cette liberté, que je ne me juge pas, que je me « désencombre ».
Le Studio fut vraiment une bonne porte d’entrée en la matière. Une bonne préparation pour la suite.
QUE PENSES-TU DE L’AMBIANCE EN GÉNÉRAL AU STUDIO ?
L’ambiance était géniale. On était assez peu à l’époque, on était chez nous. C’était comme une famille, comme une troupe finalement. Et comme l’école démarrait, on avait l’impression de participer à sa création, à quelque chose de nouveau.
Concrètement on participait en effet aux évolutions de l’aménagement des lieux, aux nouveaux partenariats, etc. J’ai aussi apprécié que le Studio se situe en dehors de Paris, aux pieds de HLM dans un quartier « populaire » à Vitry. Comme le théâtre, surtout quand tu débutes, peut être un milieu où on se la raconte, ça obligeait à rester simples et humbles, à rester dans la « réalité ».
DES COURS QUE TU AS APPRÉCIÉS PLUS PARTICULIÈREMENT ?
Tous ! J’ai beaucoup aimé le travail qu’on a fait sur des spectacles avec Jean-Louis Jacopin sur Hanokh Levin ou avec Elisabeth Mazev qui nous avait écrit un texte "L’Oeil du Prince".
Les cours d’interprétation avec Florian Sitbon bien sûr, et aussi le travail sur le corps avec Sonia Floire, et l’acrobatie théâtrale avec Clément Victor. Pour moi il y a des repères de travail qui ont été posés à l’époque et qui continuent de me suivre.
UN RÔLE OU UNE PIÈCE QUE TU AS TRAVAILLÉ(E), JOUÉ(E) ET QUI T’A MARQUÉ(E) ?
Depuis que j’ai fini ma formation en écoles, j’ai eu le plaisir de découvrir à quel point on continue de se former et de faire d’énormes progrès dans le métier, auprès de metteurs en scène et de compagnies. Ce fut d’abord le cas avec la compagnie Trama, dont le metteur en scène m’a proposé (suite à une audition trouvée sur theatrecontemporain.net, comme quoi !!) le rôle titre d’une création collective "Les Babouches" d’Abou Kacem, inspiré d’un conte soufi. Le travail réalisé sur ce spectacle a été passionnant.
BANDE–ANNONCE LES BABOUCHES D’ABOU KACEM
Cette année j’ai commencé a travailler avec le jeune collectif TDM. Il pratique un théâtre en création permanente, dans lequel on improvise le texte tous les soirs et où l’on se nourrit beaucoup d’improvisations gestuelles/dansées. On a créé PROJET JULES CESAR, un spectacle librement inspiré de l’oeuvre de Shakespeare, dans lequel je joue Brutus. On l’a présenté à La Loge puis on a eu la chance d’être invité à jouer dans la magnifique salle du Théâtre Paris-Villette dans le cadre du festival SPOT#1.
BANDE-ANNONCE PROJET JULES CÉSAR
La saison prochaine nous créons la deuxième du spectacle.
VIS-TU DU THÉÂTRE AUJOURD’HUI ?
Oui et non, c’est loin d’être facile tous les jours. Je commence à accumuler les cachets mais je suis toujours obligé d’avoir un job alimentaire, ouvreur dans un théâtre. Ce qui est encourageant, c’est que depuis quelque temps on me propose des rôles, des projets… On répond à mes mails ! Ça paraît simple, mais au départ c’est dur, on a vraiment l’impression de crier dans le désert ! Le plus important c’est que je sens que ça avance : j’apprends, je progresse ; c’est encourageant. Le Studio puis l’ESAD m’ont donné une formation solide et m’ont permis de rencontrer pas mal de gens. J’en rencontre aussi par mon job d’ouvreur que j’ai exercé à Chaillot, à l’Odéon, au TGP et maintenant au Théâtre du Vieux-Colombier. Il me faut trouver mon propre réseau là-dedans. Aller aussi vers les gens avec qui j’ai envie de travailler. Je suis optimiste, j’ai confiance en l’avenir !
Je fais essentiellement du théâtre. J’aimerais mettre un pied dans le cinéma mais c’est compliqué… Pour l’instant je fais surtout de la vidéo avec des amis (web-série etc.) pour m’entraîner au jeu face à la caméra. Je fais aussi des vidéos institutionnelles ou publicitaires…
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UNE OU DES QUALITÉS POUR ÊTRE COMÉDIEN ?
La patience, l’humilité, la rigueur… Mais aussi bien sûr un grain de folie ! Le goût du jeu, l’enfance. La confiance en soi, savoir se lâcher pour se libérer. Être soi librement, finalement… ce qui n’est pas si simple !! S’il y a un talent à avoir, c’est celui d’être libre…