Diana Ringel, Ancienne professeure de "corps"
Depuis trois ans, Diana Ringel transmet son savoir aux trois niveaux de l'école. Convaincue par l'importance de la technique dans le métier de comédien.ne, elle fonde sa pédagogie sur la maîtrise du corps, de l'émotion et de la voix. Elle raconte...
Quel est votre parcours ?
Je viens d’Uruguay et j’ai été formée là-bas au théâtre et à la danse : dans l’expressionnisme allemand par Inx Bayerthal, ancienne élève de Mary Wigman, elle-même élève de Rudolph Laban. Au début de ma carrière, j’ai dansé pour Graciela Figueroa, danseuse de Merce Cuningham. Et puis, je suis allée au Brésil. Pendant 4 ans, j’ai enseigné au Palais des Arts de Belo Horizonte où j'étais chorégraphe et comédienne puis j’ai enseigné pendant 2 ans à Montevideo dans l’école de théâtre de l’Alliance Française. Et puis je suis arrivée en France pour deux mois et je suis restée notamment pour cette façon que vous avez de parler. Je voulais parler comme vous. Et puis, alors que j’étais touriste, je suis allée au Festival de cinéma des femmes à Créteil où j’ai rencontré une femme dont le fils travaillait au Forum du Mouvement et on m’a proposé du travail. Ainsi, je suis restée en France et cela fait maintenant 38 ans. Et puis toujours, j’ai continué à enseigner en Hollande, au Maroc, en Uruguay, au Brésil et à danser. Il y a deux ans, j’ai dansé à Buenos Aires et en Italie.
D’où vous vient l’envie d’enseigner ?
Quand j’avais 6 ans, j’ai ce souvenir de dire à ma cousine : “Quand je serai plus grande, je vais enseigner”. Et elle de me répondre : “Ah tu seras maîtresse d’école ?”. “Non, je vais enseigner.” “Ah alors tu seras prof dans un lycée.” “Non, je vais enseigner.” En fait, à 6 ans, je suis allée à l’école et la maîtresse était nulle. Je me suis dit : “Il y a un truc à faire.” J’ai voulu enseigner parce que je trouvais qu’on enseignait mal. Plus tard, j’étais danseuse, comédienne, et j’avais envie de transmettre d’une autre façon. Un danseur sait s’il fait du classique ou du contemporain… Pour un comédien, ce n’est jamais clair. Je voulais appliquer cette technique pour les comédien.ne.s. Je crois que j’ai cette profonde envie d’enseigner ancrée en moi. C’est presque génétique. Dans ma famille, on enseigne beaucoup.
Comment avez-vous connu le Studio et depuis combien de temps enseignez-vous là-bas ?
J’ai aidé Sarah Tick sur un projet qu’elle avait avec les élèves du Studio. C’est à ce moment là que j’ai demandé à Vincent Debost de parler à Florian Sitbon de mon parcours. J’ai rencontré Florian dans un café et hop, j’ai commencé les cours. C’était il y a trois ans.
D’après vous, quelle(s) qualité(s) faut-il avoir pour devenir comédien.ne ?
Gérer sa voix, son corps et son émotion. C’est primordial. Pour moi, le métier de comédien.ne, c’est avant tout de la technique. Bien sûr, il y a des gens plus doués que d’autres, comme dans tous les métiers. Le don, ça se travaille et quelqu’un qui bosse sa technique peut surpasser quelqu’un de doué qui ne travaille pas. Vraiment articuler un texte, connaître le rythme, ça demande beaucoup d’efforts et de maîtrise.
Quelles sont vos autres activités professionnelles (autres cours, activités…) ?
Je fais des stages de perfectionnement, je coach aussi des gens et je donne des cours particuliers. Il y a maintenant deux ans, j’ai créé un spectacle (Entonce Bailamos) à Buenos Aires avec 3 danseuses et une accordéoniste. Une des danseuses ressemblait beaucoup à la femme que j'étais à 20 ans, physiquement et dans sa manière de danser. C’était très émouvant de la voir sur scène dans ce spectacle. Ma famille et mes ami.e.s sont venu.e.s voir la pièce et ils.elles ont pleuré pendant tout le spectacle. C'était une belle manière de parler de l’accroche au souvenir et à la mémoire.
Quelle est votre actualité théâtrale ?
Comme beaucoup de gens, mes projets se sont annulés avec le Covid. Je devais danser en Italie, en Uruguay... Et j’espère pouvoir présenter mon travail avec les élèves lors du Festival de l’école (09-10 juin), si les théâtres ré-ouvrent.
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos/votre cours ?
L’un de mes cours s'intitule "Corps" mais c'est parce qu'il fallait trouver un nom. (rires) C’est très difficile à définir. Les trois qualités à travailler sont le temps, la force et l’espace. On y travaille le corps et la danse théâtre mais, c’est plus que ça. Une ancienne élève m’a écrit un jour qu’elle repensait à mon travail et qu’elle se disait qu’il touche autant l’âme que le.la comédien.ne, autant l’être que le paraître et dans le théâtre, la danse, on ne peut jamais se contenter de paraître, il faut être. Mais comment y parvenir ? Et bien je suis convaincue que mieux on se connaît, mieux on peut “être” sur scène. Par exemple, je fais cet exercice de dissociation de la parole et du corps. Et bien, l’apprenti.e comédien.ne peut tout de suite comprendre que ce qu’il.elle renvoie en parlant ou en bougeant n’est pas la même chose. Et la maîtrise de cet art, c'est le métier du comédien.ne.