Agathe Charnet et Maya Ernest/ la compagnie Avant l'aube pour l'atelier des Niveaux 2
Le Studio / Bonjour à toutes les deux, Agathe Charnet et Maya Ernest de la compagnie Avant l’aube ! Toutes les deux vous êtes anciennes élèves de l’école et Florian Sitbon vous a demandé en tant que compagnie, ce qui est une première au Studio, de composer et mettre en scène le spectacle de juin des élèves de Niveau 2.
Quel est votre parcours ?
Maya:
J’ai voulu faire du théâtre pour quitter ma province tiède. « Monter à la capitale ». J’avais vu en première la pièce « Fôret » de Wajdi Mouawad et j’avais été plus qu’impressionnée, je dirais « frappée ». Premier choc et peut être dernier… Après 2 ans aux cours poussiéreux de Monsieur Perimony j’ai été remercié. Florian Sitbon m’a passé le coup de fil salvateur en plein mois de juillet. Le 14 juillet je m’en souviens. Il me disait « c’est un peu cavalier de vous appeler aujourd’hui mais vous devriez venir passer notre audition.. » je me disais « c’est quoi cette école bizarre dans le fin fond du monde ? » J’ai trouvé ça un peu moche. Petit. Mais les gens étaient trop sympa, les profs étaient géniaux. Tout de suite c’était une sorte de famille un peu consanguine. Comme si on se connaissait depuis toujours, il y avait cette bienveillance si rare dans le théâtre… J’étais franchement aux anges. J’ai adoré, vraiment, ces deux années. Je ne suis pas payé pour vous jeter des fleurs mais je le pense vraiment. Il y à des lieux qui sauvent et le studio en fait parti pour moi. J’ai rarement vu une telle générosité de la part des professeurs et les autres élèves sont aujourd’hui les gens que je connais peut être le plus intimement sans qu’ils soient pour autant toujours des amis. Je me suis beaucoup amusé. J’ai aussi beaucoup travaillé !
Agathe:
J’ai fait deux ans d’études supérieures notamment à Sciences po et une maîtrise de lettres. J’ai fini par étudier le journalisme mais à côté de ça j’ai fait du théâtre au Studio de Formation Théâtrale. Et aujourd’hui je suis journaliste, comédienne dans la compagnie Avant l’Aube que j’ai co-fondée en 2013, et autrice de théâtre.
Comment travaillez-vous ?
Agathe:
On a fondé la compagnie Avant l’Aube et on est ce qu’on appelle une « compagnie émergente » - je suppose - on se situe dans ce que « l’institution » appelle « émergence ». C’est-à-dire qu’on commence à être subventionné, et à vivre de ce métier, et à être intermittente . Voilà pour l’aspect technique. Et pour l’aspect artistique, on travaille beaucoup en binôme avec Maya. Maya met en scène, moi j’écris. Et on travaille sur des thématiques qu’on définit ensemble au préalable qui sont : notre génération, l’identité de notre génération, la mémoire collective et la mémoire individuelle. Et aussi la pop culture !
Maya:
Oui on a aussi travaillé un peu sur l’auto-fiction, sur la réécriture aussi parfois, sur la guerre d’Algérie. Sur ce qui nous anime !
Agathe:
Et aussi on est une femme qui met en scène et une femme qui écrit. Ce qui n’est pas si courant que ça. En tout cas c’est ce qu’on nous dit ! Et on fait attention à essayer d’écrire des rôles et des spectacles pour que les femmes aient des rôles différents des rôles du répertoire classique. Et aussi à essayer de représenter aussi l’homosexualité; pas que l’hétérosexualité par exemple, enfin voilà, avoir une attention à essayer de faire des rôles qui soient moins dans des stéréotypes de genre. Et la compagnie est aussi dans des engagements féministes puisqu’on fait aussi du théâtre forum, un spectacle de Lillah (autre ancienne élève de l’école) dans les établissements scolaires autour de l’histoire du féminisme.
Qu’est-ce que ça vous fait de revenir dans votre ancienne école à Vitry-sur-Seine ?
Maya:
Je pensais que ça allait me rendre très nostalgique. Mais en fait, c’est comme si on était jamais parti ! Et on ne se sent pas spécialement passées de l’autre côté, mais c’est dans la continuité de notre travail : de transmettre et de partager en direct ce qu’on vit, avec des gens qui, en fait, ont quasiment notre âge. On essaie d’être moderne dans l’enseignement, surtout sur les questions de sexisme, d’ouverture, de bienveillance. De ne pas être dans l’autoritarisme, d’être dans le partage…